Pascal Oudet est un sculpteur unique en son genre.
Du moins, c'est comme cela que j'appréhende ses oeuvres, de subtiles pièces de bois finement mises en valeur par un procédé que lui seul maîtrise.
Ce travail de haute précision a été récompensé à plusieurs reprises par des prix consacrés aux métiers d'art et il est devenu, en quelques années à peine, une référence dans le tournage d'art sur bois.
Vous avez peut-être déjà remarqué ses créations au détour d'un salon.
Pour ma part, j'ai d'abord connu son travail sur le Salon Maison & Objet et plus récemment chez Empreintes.
Dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art, vous pouvez découvrir ses créations aux Ateliers de Paris lors de l'exposition Hyper-Nature, illustrant des réalisations imaginées autour du végétal.
Peux-tu nous parler de toi et de ton parcours ?
J'ai commencé à pratiquer la menuiserie en 1998. Je travaillais comme ingénieur en électronique et je me suis formé dans un petit atelier. J'ai commencé à fabriquer des meubles et il y avait un tour à bois. C'était un peu la machine mystérieuse, celle que personne n'utilisait de par son maniement ardu. J'ai tout de suite eu envie d'apprivoiser cet outil, de comprendre ce que l'on pouvait faire avec.
Et c'est comme ça que j'ai entrepris mes premières pièces tournées sur bois.
Pourquoi as-tu choisi de t'exprimer à travers le bois ?
Rétrospectivement, j'ai vu mon grand-père le travailler. Il avait un grenier, dans ce grenier, un réduit auquel on avait accès par une échelle. J'avais une dizaine d'années et c'était un peu la caverne d'Ali Baba... Je montais, il y avait beaucoup de poussière, c'était assez magique et fascinant de le voir travailler avec ses quelques outils. Le soin, le temps, la patience qu'il mettait à construire ses meubles font que nous les avons toujours.
Et puis, il y a eu l'opportunité aussi. Ce fameux atelier. C'est un matériau accessible, à la portée de tous, renouvelable, j'aime son odeur aussi...
D'autres éléments que le bois viennent-ils inspirer ton travail ?
J'admire le travail du verre à chaud et celui du métal. J'ai fait un peu de forge mais la maîtrise d'une matière prend tellement de temps que j'ai préféré me concentrer sur le bois.
Néanmoins, je suis toujours le travail de certains artistes, comme le maître verrier Jean-Pierre Baquère qui guide son verre toute en douceur au travers de mouvements très mesurés.
Mon inspiration vient de la volonté de faire ressortir les matières et les structures. Cela peut venir d'une vieille souche de bois usé trouvée en montagne à la strate d'ardoise ou de pierre. Creuser, brosser, brûler, sabler la matière pour la recherche d'un parfait équilibre.
J'ai flashé sur la Collection du Sable. Peux-tu nous expliquer l'approche ?
Cette technique est née d'un accident...
C'était en 2004 et je souhaitais sublimer le veinage. Le sable a traversé la paroi et a produit cet effet de dentelle. Le résultat de cette expérience m'a incité à poursuivre en apprenant à doser le sablage, à l'adapter en toute délicatesse. Pour cela, il faut connaître l'essence, la zone de l'arbre sur laquelle on travaille. L'épaisseur doit être fine et régulière, il faut ensuite éliminer les zones les plus dures du bois pour n'en laisser que les plus fines. La texture du chêne est la plus adaptée car il y a des zones dures, tendres, des fibres transverses...
Je suis en quête permanente de la forme la plus intéressante, notamment pour Les Galettes. Ces tranches de troncs d'arbre sont d'abord découpées sur 7 à 8cm pour terminer en dentelles de 2mm. L'ondulation ressort naturellement. Cependant, mes connaissances en ingénierie m'ont fortement aidé à comprendre la physique du bois.
Il y a aussi Les Diabolos, ces tubes tournés dans la masse. Le creusage peut prendre de 5h jusqu'à 11h pour les pièces de 40cm ! Le sablage doit être précis, le séchage aussi.
Il y a eu les pièces travaillées au feu, au sable. Peut-on imaginer une nouvelle collection?
Avec la Collection du Sable, j'ai créé une technique qui n'existait pas et qui est désormais associée à mon nom.
Aujourd'hui, mon challenge est d'essayer de travailler sur des diamètres plus importants.
Pour le Salon Révélations (Biennale Internationale des Métiers d'Art et de Création), j'exposerai une pièce plus imposante que les précédente : une Galette de 90cm de diamètre !
Les demandes des galeristes ou décorateurs vont dans ce sens. L'art du bois touche une cible nouvelle, ce qui me pousse à expérimenter d'autres choses. Je m'intéresse au luminaire avec une prochaine gamme d'appliques et de lampes à poser. J'assemble également les Galettes comme des sculptures murales, des éléments multiples à accrocher.
Quel serait le décor idéal pour s'accorder avec tes sculptures ?
Elles s'adaptent aussi bien avec un décor classique qu'en touche organique au milieu d'une atmosphère contemporaine. L'éclairage est important dans mes créations car la lumière va porter les ombres, créant une ambiance moirée, hypnotique. Pour ma part, j'aime les contrastes : un bol ou un vase sur une console blanche.
Si l'on regarde d'autres oeuvres d'art en bois, comme les pièces très aériennes d'Alain Mailland, leur place est différente. La sculpture domine et demande au reste de s'accorder.
Le lieu rêvé pour exposer tes pièces ?
J'ai la chance d'avoir accès à de sublimes expositions.
Je m'apprête à participer au Salon Révélations pour la troisième édition consécutive et cet hommage me touche énormément. Cela me donne accès à des projets intéressants.
Pendant longtemps, je devais produire pour faire connaître mon travail. Désormais, j'ai la possibilité de développer mes idées, de tenter des formes nouvelles et j'en prends davantage de plaisir.
Hyper-nature (30 rue du Faubourg Saint Antoine, 75012)
vendredi 31 mars - samedi 10 juin 2017
Révélations au Grand Palais
jeudi 4 - lundi 8 mai 2017 : 10h - 19h
Photos © Pascal Oudet/ Portrait © Lionel Pagès
Du moins, c'est comme cela que j'appréhende ses oeuvres, de subtiles pièces de bois finement mises en valeur par un procédé que lui seul maîtrise.
Ce travail de haute précision a été récompensé à plusieurs reprises par des prix consacrés aux métiers d'art et il est devenu, en quelques années à peine, une référence dans le tournage d'art sur bois.
Vous avez peut-être déjà remarqué ses créations au détour d'un salon.
Pour ma part, j'ai d'abord connu son travail sur le Salon Maison & Objet et plus récemment chez Empreintes.
Dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art, vous pouvez découvrir ses créations aux Ateliers de Paris lors de l'exposition Hyper-Nature, illustrant des réalisations imaginées autour du végétal.
Galette, chêne |
Peux-tu nous parler de toi et de ton parcours ?
J'ai commencé à pratiquer la menuiserie en 1998. Je travaillais comme ingénieur en électronique et je me suis formé dans un petit atelier. J'ai commencé à fabriquer des meubles et il y avait un tour à bois. C'était un peu la machine mystérieuse, celle que personne n'utilisait de par son maniement ardu. J'ai tout de suite eu envie d'apprivoiser cet outil, de comprendre ce que l'on pouvait faire avec.
Et c'est comme ça que j'ai entrepris mes premières pièces tournées sur bois.
Pourquoi as-tu choisi de t'exprimer à travers le bois ?
Rétrospectivement, j'ai vu mon grand-père le travailler. Il avait un grenier, dans ce grenier, un réduit auquel on avait accès par une échelle. J'avais une dizaine d'années et c'était un peu la caverne d'Ali Baba... Je montais, il y avait beaucoup de poussière, c'était assez magique et fascinant de le voir travailler avec ses quelques outils. Le soin, le temps, la patience qu'il mettait à construire ses meubles font que nous les avons toujours.
Et puis, il y a eu l'opportunité aussi. Ce fameux atelier. C'est un matériau accessible, à la portée de tous, renouvelable, j'aime son odeur aussi...
D'autres éléments que le bois viennent-ils inspirer ton travail ?
J'admire le travail du verre à chaud et celui du métal. J'ai fait un peu de forge mais la maîtrise d'une matière prend tellement de temps que j'ai préféré me concentrer sur le bois.
Néanmoins, je suis toujours le travail de certains artistes, comme le maître verrier Jean-Pierre Baquère qui guide son verre toute en douceur au travers de mouvements très mesurés.
Mon inspiration vient de la volonté de faire ressortir les matières et les structures. Cela peut venir d'une vieille souche de bois usé trouvée en montagne à la strate d'ardoise ou de pierre. Creuser, brosser, brûler, sabler la matière pour la recherche d'un parfait équilibre.
J'ai flashé sur la Collection du Sable. Peux-tu nous expliquer l'approche ?
Cette technique est née d'un accident...
C'était en 2004 et je souhaitais sublimer le veinage. Le sable a traversé la paroi et a produit cet effet de dentelle. Le résultat de cette expérience m'a incité à poursuivre en apprenant à doser le sablage, à l'adapter en toute délicatesse. Pour cela, il faut connaître l'essence, la zone de l'arbre sur laquelle on travaille. L'épaisseur doit être fine et régulière, il faut ensuite éliminer les zones les plus dures du bois pour n'en laisser que les plus fines. La texture du chêne est la plus adaptée car il y a des zones dures, tendres, des fibres transverses...
Je suis en quête permanente de la forme la plus intéressante, notamment pour Les Galettes. Ces tranches de troncs d'arbre sont d'abord découpées sur 7 à 8cm pour terminer en dentelles de 2mm. L'ondulation ressort naturellement. Cependant, mes connaissances en ingénierie m'ont fortement aidé à comprendre la physique du bois.
Il y a aussi Les Diabolos, ces tubes tournés dans la masse. Le creusage peut prendre de 5h jusqu'à 11h pour les pièces de 40cm ! Le sablage doit être précis, le séchage aussi.
Le Nid |
Galette |
Les Diabolos |
Il y a eu les pièces travaillées au feu, au sable. Peut-on imaginer une nouvelle collection?
Avec la Collection du Sable, j'ai créé une technique qui n'existait pas et qui est désormais associée à mon nom.
Aujourd'hui, mon challenge est d'essayer de travailler sur des diamètres plus importants.
Pour le Salon Révélations (Biennale Internationale des Métiers d'Art et de Création), j'exposerai une pièce plus imposante que les précédente : une Galette de 90cm de diamètre !
Les demandes des galeristes ou décorateurs vont dans ce sens. L'art du bois touche une cible nouvelle, ce qui me pousse à expérimenter d'autres choses. Je m'intéresse au luminaire avec une prochaine gamme d'appliques et de lampes à poser. J'assemble également les Galettes comme des sculptures murales, des éléments multiples à accrocher.
Quel serait le décor idéal pour s'accorder avec tes sculptures ?
Elles s'adaptent aussi bien avec un décor classique qu'en touche organique au milieu d'une atmosphère contemporaine. L'éclairage est important dans mes créations car la lumière va porter les ombres, créant une ambiance moirée, hypnotique. Pour ma part, j'aime les contrastes : un bol ou un vase sur une console blanche.
Si l'on regarde d'autres oeuvres d'art en bois, comme les pièces très aériennes d'Alain Mailland, leur place est différente. La sculpture domine et demande au reste de s'accorder.
Le lieu rêvé pour exposer tes pièces ?
J'ai la chance d'avoir accès à de sublimes expositions.
Je m'apprête à participer au Salon Révélations pour la troisième édition consécutive et cet hommage me touche énormément. Cela me donne accès à des projets intéressants.
Pendant longtemps, je devais produire pour faire connaître mon travail. Désormais, j'ai la possibilité de développer mes idées, de tenter des formes nouvelles et j'en prends davantage de plaisir.
Oeuf |
Vases |
Hyper-nature (30 rue du Faubourg Saint Antoine, 75012)
vendredi 31 mars - samedi 10 juin 2017
Révélations au Grand Palais
jeudi 4 - lundi 8 mai 2017 : 10h - 19h
Photos © Pascal Oudet/ Portrait © Lionel Pagès
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